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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Cela me fait cet effet-là, John, répandit Sam en hochant affirmativement la tête ; vous êtes diablement fin, mon ami.

— Bah ! fit l’autre avec dédain, il n’y a pas de mérite à tromper ces brutes d’Espagnols ; ils sont bêtes comme des flamants roses.

— C’est égal, le capitaine est tombé dans la nasse avec une grâce toute particulière.

— Hum ! ce n’était pas lui que je craignais ; car depuis longtemps je sais m’en faire bien venir : mais c’est ce moine maudit.

— Eh ! eh ! si nous n’étions pas arrivés aussi à temps, il est probable qu’il nous aurait soufflé l’affaire ; qu’en pensez-vous, John ?

— Je pense que vous avez raison, Sam. By god ! je riais de bon cœur à le voir se tordre sous les coups de chicote.

— C’était, en effet, un beau spectacle, mais ne craignez-vous pas qu’il ne se venge ? ces moines ont une rancune du diable.

— Bah ! qu’avons-nous à redouter d’une pareille vermine ? jamais il n’osera nous regarder en face.

— C’est égal, il est bon de s’en méfier. Notre métier est scabreux, savez-vous, et il se peut bien qu’un jour ou l’autre cet animal maudit nous joue un mauvais tour.

— Bah ! laissez donc, ce que nous avons fait était de bonne guerre. Soyez certain que, dans une circonstance semblable, le moine ne nous eût pas épargnés.

— C’est vrai ; alors qu’il aille au diable ! d’autant plus que la proie que nous convoitons arrive on ne