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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

prenait d’autres plus commodes pour le voyage qu’elle méditait, car elle avait trompé le vieux serviteur, ce n’était pas auprès de Tranquille qu’elle voulait se rendre.

Mais Dieu avait décidé que le projet qu’elle roulait dans sa mutine tête blonde ne réussirait pas.

Au moment où, complétement habillée et prête à monter à cheval, elle rentrait dans la salle, Lanzi apparaissait à la porte du corral, le visage bouleversé par la terreur.

Carmela courut vers lui avec empressement, croyant qu’il venait de se blesser.

— Qu’avez-vous ? lui demanda-t-elle avec intérêt.

— Nous sommes perdus ! répondit-il d’une voix sourde, en jetant autour de lui des regards effarés.

— Comment, perdus ! s’écria-t-elle en devenant pâle comme un cadavre, que voulez-vous dire, mon ami ?

Le métis posa un doigt sur sa bouche pour lui commander le silence, lui fit signe de le suivre et se glissa à pas de loup dans le corral.

Carmela y entra à sa suite.

Le corral était fermé par un enclos en planches hautes de deux mètres environ. Lanzi s’approcha d’un endroit où une fente assez large permettait de voir dans la campagne.

— Regardez ! dit-il en désignant la fente à sa maîtresse.

La jeune fille obéit et colla son visage sur les planches.

La nuit commençait à tomber, et l’ombre à chaque instant plus épaisse envahissait rapidement la cam-