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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

avec le plus grand soin, conservé une distance assez grande pour tourner bride et s’échapper au moindre mouvement suspect de leurs ennemis supposés.

Cette explication bannit toute inquiétude entre les trois personnages ; Carmela et Lanzi étaient heureux de s’être si providentiellement retrouvés.

Pendant que le métis racontait à sa jeune maîtresse de quelle façon il en avait fini avec les Apaches, le chasseur, en homme prudent, avait pris les chevaux par la bride et les avait conduits dans un épais fourré au milieu duquel il les avait caché avec soin, puis il revint auprès de ses nouveaux amis qui s’étaient laissés aller sur le sol, afin de prendre quelques instants de repos.

Au moment où le chasseur revenait, Lanzi disait à la jeune fille :

— À quoi bon, señorita, vous fatiguer davantage, cette nuit ? Notre nouvel ami et moi nous vous construirons en quelques coups de hache un jacal sous lequel vous serez parfaitement abritée ; vous dormirez jusqu’au lever du soleil, et alors nous reprendrons le chemin de l’hacienda. Vous n’avez, quant à présent, aucun péril à redouter, protégée par deux hommes qui n’hésiteront pas à sacrifier, s’il le faut, leur vie pour vous.

— Je vous remercie, mon bon Lanzi, répondit la jeune fille, votre dévouement m’est connu et je n’hésiterais pas à m’y confier, si j’étais en ce moment tourmentée par la crainte des Apaches. Croyez bien que la considération des périls que je puis avoir à courir de la part des païens n’entre pour rien dans ma détermination de me remettre en marche le plus tôt possible.