Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/28

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blait un misérable voleur, contre lequel tout moyen était bon à employer pour l’obliger à ne pas lui faire tort de sa personne.

Cependant cet homme n’était pas insensible à tout bon sentiment, en dehors de son commerce il jouissait même d’une certaine réputation de bonté et passait pour un gentleman, c’est-à-dire pour un homme comme il faut.

— Là, voilà qui est fait, dit le Canadien en jetant un regard de satisfaction sur les ligatures, dans trois semaines il n’y paraîtra plus, si vous vous soignez bien, d’autant plus que par un bonheur inouï, l’os n’a pas été attaqué et que la balle n’a fait que traverser les chairs. Maintenant, mon bon ami, si vous voulez causer, je suis prêt.

— Je n’ai rien à vous dire, moi, si ce n’est de me rendre le maudit moricaud qui est cause de tout le mal.

— Hum ! si nous continuons ainsi, je crains que nous ne nous entendions pas. Vous savez bien que c’est justement à propos de la reddition de votre moricaud, ainsi que vous l’appelez, qu’est venue toute la querelle.

— Je ne puis cependant perdre mon argent.

— Comment, votre argent ?

— Mon esclave, si vous le préférez ; il représente pour moi une somme, que je ne me soucie nullement de perdre, d’autant plus que depuis quelque temps les affaires vont fort mal et que j’ai éprouvé des pertes considérables.

— C’est fâcheux, je vous plains sincèrement ; cependant, je tiendrais à arranger cette affaire à l’amiable, ainsi que je l’ai commencée, reprit le Canadien avec bonhomie.