Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Oui, j’ai avoué.

— Vous méditez donc un vol ?

— Un vol ! s’écria-t-il en rougissant d’indignation, mais, se remettant aussitôt : C’est vrai, ajouta-t-il, vous devez le supposer !

— Quel autre nom donner à une action aussi infâme ? s’écria le chasseur avec violence.

Le Jaguar releva vivement la tête comme s’il avait eu l’intention de répondre, mais ses lèvres demeurèrent muettes.

Tranquille le considéra un instant avec un mélange de pitié et de tendresse, et se tournant vers le Cœur-Loyal :

— Venez, dit-il, mon ami, nous ne sommes demeurés que trop longtemps ici.

— Arrêtez ! s’écria le jeune homme ; ne me condamnez pas ainsi ; je vous le répète, vous ignorez quels motifs me font agir.

— Quels qu’ils soient, ces motifs ne peuvent être honorables ; je n’en vois d’autres que le pillage et le meurtre.

— Oh ! fit le jeune homme en cachant avec douleur sa tête dans ses mains.

— Partons reprit Tranquille.

Le Cœur-Loyal avait attentivement et froidement examiné cette scène étrange.

— Un instant, dit-il ; faisant alors un pas en avant, il posa la main sur l’épaule du Jaguar.

Celui-ci releva la tête :

— Que me voulez-vous ? lui demanda-t-il.

— Écoutez-moi, caballero, répondit le Cœur-Loyal d’une voix profonde ; je ne sais pourquoi, mais un secret pressentiment me dit que votre con-