Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
325
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

causé tant d’inquiétudes ; il reprit instantanément sa joyeuse humeur, et faisant claquer ses doigts d’un air narquois :

— Caraï ! puisqu’il en est ainsi, je ne risque rien ; alors il est inutile que je donne à Nuestra Señora de la Soledad le cierge que je lui avais promis ?

— Complétement inutile, appuya le capitaine.

Entièrement rassuré désormais, l’arriero se hâta de vaquer à ses travaux ordinaires.

Ainsi, le jeune homme avait su, en feignant d’admettre les idées de cet Indien ignorant, l’amener tout doucement à les abandonner.

Cependant tout était en rumeur dans le camp ; les arrieros pansaient et chargeaient les mules, tandis que les dragons s’occupaient activement de harnacher leurs chevaux et de tout préparer pour le départ.

Le capitaine surveillait les mouvements de chacun avec une impatience fébrile, excitant les uns, gourmandant les autres, et s’assurant que ses ordres était ponctuellement exécutés.

Lorsque tous les préparatifs furent terminés, le jeune officier ordonna que le repas du matin fût pris debout et la bride passée dans le bras, afin de perdre moins de temps, puis il donna le signal du départ.

Les soldats se mirent en selle, mais au moment où la colonne allait s’ébranler pour quitter définitivement le campement, un grand bruit s’éleva dans les halliers, les branches s’écartèrent avec fracas et un cavalier revêtu de l’uniforme de dragon mexicain apparut tout à coup à quelque distance de la troupe vers laquelle il accourait, à toute bride.

Arrivé devant le capitaine, il s’arrêta net, par un