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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

était, sinon complétement un traître, du moins indigne de la confiance qu’on mettait en lui.

Quant au soldat, il galopait insoucieusement en tête de la caravane, fumant, riant et chantant sans paraître se douter aucunement des soupçons qui planaient sur lui.

Il est vrai que le capitaine avait soigneusement caché au fond de son cœur la mauvaise opinion qu’il avait conçue sur le guide, et qu’ostensiblement il semblait avoir en lui la plus grande confiance ; la prudence exigeait que, dans la situation critique où se trouvait placé la conducta, ceux qui en faisaient partie ne se doutassent pas de l’inquiétude de leur chef, afin de ne pas être démoralisés par la crainte d’une prochaine trahison.

Le capitaine, avant le départ, avait, avec une certaine affectation, donné les ordres les plus sévères pour que les armes fussent tenues en état ; il avait expédié des batteurs d’estrade en avant et sur les flancs de la troupe, afin d’explorer les environs et s’assurer que le passage était libre et qu’aucun danger n’était à redouter ; enfin, il avait pris avec le plus grand soin toutes les mesures qu’exigeait la prudence, afin de garantir le succès du voyage.

Le guide témoin impassible de toutes ces précautions et pour lequel elles avaient été prises avec autant d’ostentation, avait semblé y applaudir, enchérissant encore sur les ordres donnés par le capitaine et faisant remarquer l’habileté que possèdent les rôdeurs de frontières pour se glisser parmi les halliers et les herbes sans laisser de traces, et l’attention que les batteurs d’estrade devaient apporter