Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
344
LES RODEURS DE FRONTIÈRES


XXVIII

JOHN DAVIS.


John Davis, l’ex-marchand d’esclaves, avait les nerfs trop fortement trempés pour que les scènes dont il avait été le témoin pendant cette journée, et dans lesquelles il avait même à un certain moment joué un rôle actif assez périlleux, eussent laissé dans son esprit une impression bien durable.

Après avoir quitté le Renard-Bleu, il continua pendant assez longtemps à galoper en s’orientant vers la direction où il devait rejoindre le Jaguar, mais peu à peu il se laissa aller à ses pensées, et son cheval comprenant avec l’admirable instinct qui distingue ces nobles animaux que son cavalier ne s’occupait plus de lui, ralentit insensiblement son allure, passant du galop rapide à un train plus modéré, puis au trot et enfin au pas, marchant la tête basse et happant du bout des lèvres quelques brins d’herbe ou quelques feuilles qu’il glanait çà et là.

John Davis était fortement intrigué par la conduite d’un des personnages avec lesquels le hasard l’avait mis en rapport dans cette matinée fertile en événements de toutes sortes. Ce personnage, qui avait le privilége d’exciter à un aussi haut point la curiosité de l’Américain, était le Scalpeur-Blanc.

La lutte héroïque soutenue par cet homme seul contre une nuée d’ennemis acharnés, sa force herculéenne, l’adresse avec laquelle il maniait son che-