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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Comment vous nommez-vous ?

— Gregorio Felpa. Je suis dragon, ainsi que vous pouvez le voir à mon uniforme, seigneurie.

— Quel motif vous a fait désirer me voir ?

— L’envie de vous rendre un important service, seigneurie.

— Je vous remercie ; mais ordinairement les services sont chers en diable, et je ne suis pas riche.

— Vous le deviendrez.

— Je le désire. Mais quel est ce grand service que vous avez l’intention de me rendre ?

— Je vais m’expliquer en deux mots. Dans toute question politique il y a deux faces ; cela dépend du point de vue auquel on se place. Je suis enfant du Texas, fils d’un Américain du Nord et d’une Indienne, ce qui veut dire que je déteste cordialement les Mexicains.

— Au fait.

— M’y voilà. Soldat malgré moi, le général Rubio m’a chargé pour le capitaine Melendez d’une dépêche, dans laquelle il lui assigne un rendez-vous où il doit le rejoindre afin d’éviter le Rio Secco, où, dit-on, vous avez l’intention de vous embusquer pour enlever la conducta.

— Ah ! ah ! fit le Jaguar, devenu tout à coup attentif ; mais comment connaissez-vous le contenu de cette dépêche ?

— D’une manière toute simple. Le général a en moi la plus entière confiance. Il m’a lu la dépêche, d’autant plus que c’est moi qui suis chargé par lui de servir de guide au capitaine pour atteindre le lieu du rendez-vous.

— Ainsi vous trahissez votre chef ?