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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

ficier le plus brave et le plus fin de toute l’armée mexicaine.

— Rapportez-vous-en à moi, capitaine. Canarios ! l’enjeu est trop beau pour que je risque de perdre la partie.

— Un mot encore.

— Je vous écoute.

— Arrangez-vous de façon à n’arriver qu’à la nuit tombante au défilé, l’obscurité entre pour beaucoup dans le succès d’une surprise ; et maintenant, adieu et bonne chance !

— Je vous en souhaite autant.

Le Jaguar et l’Américain escortèrent le dragon jusqu’aux barrières afin de le faire reconnaître par les sentinelles avancées qui, sans cette précaution, auraient, à cause de l’uniforme qu’il portait, impitoyablement tiré sur lui.

Puis, lorsqu’il eut quitté le camp, les deux hommes le suivirent des yeux aussi longtemps qu’ils purent distinguer sa noire silhouette glissant comme une ombre à travers les arbres de la forêt, où elle ne tarda pas à disparaître.

— Hum ! fit John Davis, voilà ce que j’appelle un coquin émérite ; il est plus rusé qu’un opossum. By god ! quel hideux drôle !

— Eh ! mon ami, répondit négligemment le Jaguar, il faut des hommes de cette trempe, sans cela que deviendrions-nous, nous autres ?

— C’est juste. C’est nécessaire comme la peste et la lèpre ; mais c’est égal, j’en reviens à mon dire : c’est le coquin le plus complet que j’aie jamais vu, et Dieu sait la magnifique collection qui a défilé devant moi pendant le cours de mon existence !