Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
373
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Je suis le Jaguar, répondit simplement celui-ci.

— Fort bien. Que me voulez-vous ? Parlez, et surtout soyez bref, reprit le capitaine en piquant la pointe de son sabre sur le bout de sa botte.

— Je veux éviter l’effusion du sang, dit le Jaguar.

— C’est fort bien à vous, mais il me semble qu’il est un peu tard pour prendre une si louable résolution, fit l’officier de sa voix railleuse.

— Écoutez, capitaine, vous êtes un brave officier, je serais désolé qu’il vous arrivât malheur ; ne vous obstinez pas à soutenir une lutte impossible entouré comme vous l’êtes par des forces considérables ; toute tentative de résistance serait une impardonnable folie qui n’aboutirait qu’à un massacre général des hommes que vous commandez, sans que vous ayez le moindre espoir de sauver la conducta que vous escortez. Rendez-vous, je vous le répète, vous n’avez que cette voie de salut qui vous soit ouverte.

— Caballero, répondit sérieusement cette fois le capitaine, je vous remercie des paroles que vous avez prononcées ; je me connais en hommes, et je vois que vous parlez loyalement en ce moment.

— Oui, fit le Jaguar.

— Malheureusement, continua le capitaine, je suis forcé de vous répéter que j’ai l’honneur d’être officier, et que jamais je ne consentirai à rendre mon épée à un chef de bande dont la tête est mise à prix ; si j’ai été assez fou et assez idiot pour me laisser entraîner dans un piége, eh bien, tant pis pour moi, j’en subirai les conséquences.