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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

pointe et chassé les hérons, était maintenant sur le point de disparaître, la nuit tombait rapidement, et les arrière-plans du paysage commençaient déjà à être noyés dans les ombres du soir qui s’épaississaient de plus en plus.

Le désert s’éveillait, les rauques rugissements des fauves se faisaient entendre par intervalles, se mêlant aux miaulements des carcajous et aux abois saccadés des loups rouges.

Le chasseur choisit le bois le plus sec qu’il put trouver pour allumer le feu, afin que la fumée fût nulle et que la flamme au contraire éclairât les environs, de façon à dénoncer immédiatement l’approche des redoutables voisins dont ils entendaient les cris, et que la soif ne tarderait pas à amener de leur côté.

Les flamants rôtis et quelques poignées de pennekann (viande hachée et mise en poudre) composèrent le souper des aventuriers, souper bien sobre, arrosé seulement par l’eau de la rivière, mais qu’ils mangèrent de bon appétit et en hommes qui savent apprécier la valeur des mets quels qu’ils soient que leur dispense la Providence.

Lorsque la dernière bouchée fut avalée, le Canadien partagea fraternellement sa provision de tabac avec son nouveau camarade et alluma sa pipe indienne qu’il dégusta en véritable gourmet, exemple suivi consciencieusement par Quoniam.

— Maintenant, dit Tranquille, il est bon que vous sachiez qu’un vieil ami à moi m’a, il y a environ trois mois, donné rendez-vous en ce lieu ; il doit arriver demain au point du jour. C’est un chef indien. Bien qu’il soit très-jeune encore, il jouit d’une