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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

aussi rapidement que cela lui fut possible, et appela à grands cris, afin d’amener auprès de lui les chasseurs et les bûcherons disséminés dans la plaine.

Quelques-uns avaient vu en partie ce qui s’était passé, et s’étaient élancés en toute hâte au secours de leur capitaine, mais avant qu’ils ne fussent arrivés auprès de lui, qu’il n’eût eu le temps de leur expliquer ce qui était arrivé et de leur donner ses ordres, afin de poursuivre à outrance le fugitif, celui-ci avait disparu au milieu de la forêt, vers laquelle il avait dirigé sa course rapide.

Cependant les chasseurs, à la tête desquels s’était mis le sergent Bothrel, s’étaient précipités à la poursuite de l’Indien, en jurant qu’ils le ramèneraient mort ou vif.

Le capitaine les suivit du regard jusqu’à ce qu’il les eût vu s’enfoncer les uns après les autres sous le couvert, puis il regagna la colonie à pas lents, réfléchissant à la scène qui venait d’avoir lieu entre lui et le Peau-Rouge, et le cœur serré par un sombre pressentiment.

Quelque chose lui disait intérieurement que, pour que Visage-de-Singe, ordinairement si prudent et si circonspect, eût agi ainsi qu’il l’avait fait, il fallait qu’il se crût bien fort et bien certain de l’impunité.