Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/112

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Arrivés au milieu du courant, le Cœur-Loyal enveloppa avec soin les trappes dans une peau de buffle afin que l’humidité ne pût les atteindre puis il les laissa glisser au fond de l’eau.

Cette précaution prise, les chasseurs traversèrent le ruisseau et firent une fausse piste d’à peu près deux cents pas, revenant ensuite avec précaution afin de ne pas laisser d’empreinte qui dénonçât leur retour, ils rentrèrent dans la forêt après avoir d’un geste renvoyé leurs chiens auprès des chevaux.

Les intelligents animaux prirent leur course et disparurent bientôt dans l’obscurité.

Cette résolution de se séparer des chiens leur était utile en aidant à dépister les Indiens, qui ne manqueraient pas de suivre les traces fugitives laissées par les limiers dans les hautes herbes.

Une fois dans la forêt, les chasseurs remontèrent sur un arbre et commencèrent à s’avancer entre ciel et terre ; manière de voyager beaucoup plus usitée qu’on ne le croit en Europe, dans ces pays où il est souvent impossible à cause de l’enchevêtrement des lianes et des arbres d’avancer sans se servir de la hache pour se frayer un passage.

L’on peut ainsi, en passant de branche en branche, faire des lieues entières sans toucher le sol.

C’était justement, quoique pour une autre cause, ce qu’exécutaient en ce moment les chasseurs.

Ils s’avançaient de cette façon au-devant de leurs ennemis, dont les pas se rapprochaient de plus en