Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/195

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tite troupe s’avançait doucement et avec difficulté dans un sentier à peine tracé où, à chaque pas, les chevaux s’embarrassaient dans les lianes ou butaient contre des racines d’arbres à fleur de terre.

Doña Luz était heureuse. Peut-être, dans ces excursions, rencontrerait-elle le Cœur-Loyal.

Le Babillard, qui marchait à quelques pas en avant, poussa tout à coup un cri.

— Eh ! dit le général, que se passe-t-il donc d’extraordinaire, maître Babillard, que vous jugez convenable de parler ?

— Des abeilles, seigneurie.

— Comment des abeilles ! il y a des abeilles par ici ?

— Oh ! depuis peu seulement.

— Comment depuis peu ?

— Oui. Vous savez que les abeilles ont été apportées en Amérique par les blancs.

— C’est vrai. Mais alors comment se fait-il qu’on en rencontre ici ?

— Rien de plus simple ; les abeilles sont les sentinelles avancées de blancs : au fur et à mesure que les blancs s’enfoncent dans l’intérieur de l’Amérique, les abeilles partent en avant pour leur tracer la route et leur indiquer les défrichements. Leur apparition dans une contrée inhabitée présage toujours l’arrivée d’une colonie de pionniers ou de squatters.

— Voilà qui est étrange, murmura le général, et vous êtes sûr de ce que vous me dites là ?