Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/20

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Les masses sont ainsi partout, barbares et sans pitié.

— Laisse-moi, te dis-je, reprit l’enfant, ou je te jure, sur les âmes bénies du purgatoire, qu’il t’arrivera malheur !

Le vaquero ricana et fit tournoyer son lasso autour de sa tête.

— Prends garde, Rafaël, dit-il, pour la dernière fois, veux-tu te rendre ?

— Non ! mille fois non ! cria l’enfant avec rage.

— À la grâce de Dieu alors ! fit le vaquero.

Le lasso siffla et partit.

Mais il se passa une chose étrange.

Rafaël arrêta court son cheval comme s’il eût été changé en un bloc de granit et s’élançant de la selle, il bondit comme un jaguar sur le géant que le choc renversa sur le sable, et avant que personne pût s’y opposer, il lui plongea dans la gorge le couteau que les Mexicains portent toujours à la ceinture.

Un long flot de sang jaillit au visage de l’enfant, le vaquero se tordit quelques secondes, puis resta immobile.

Il était mort !

La foule poussa un cri d’horreur et d’épouvante.

Prompt comme l’éclair, l’enfant s’était remis en selle et avait recommencé sa course désespérée en brandissant son couteau et en riant d’un rire de démon.

Lorsque après le premier moment de stupeur passé,