Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/219

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mal est un des plus intéressants de la création.

— Oui, appuya doña Luz, et je ne comprends pas comment on peut de parti pris lui faire la chasse comme à une bête malfaisante.

— Que voulez-vous, señorita, répondit philosophiquement le trappeur, tous les animaux ont été créés pour l’homme, celui-là surtout dont la fourrure est si précieuse.

— C’est vrai, dit le général, mais, ajouta-t-il, comment faites-vous cette chasse ? Tous les castors ne sont pas aussi confiants que ceux-ci ; il y en a qui cachent leurs huttes avec un soin extrême.

— Oui, répondit l’Élan-Noir, mais l’habitude a donné au trappeur expérimenté un coup d’œil si sûr qu’il découvre au signe le plus léger la piste d’un castor, et la hutte fût-elle cachée par d’épais taillis et par les saules qui l’ombragent, il est rare qu’il ne devine pas le nombre exact de ses habitants. Il pose alors sa trappe, la fixe sur la rive à deux ou trois pouces au-dessous de la surface de l’eau, et l’attache par une chaîne à un pieu fortement enfoncé dans la vase ou dans le sable. Une petite tige est alors dépouillée de son écorce et trempée dans la médecine, c’est ainsi que nous nommons l’appât que nous employons ; cette tige est placée de manière à s’élever de trois ou quatre pouces au-dessus de l’eau, tandis que son extrémité est fixée dans l’ouverture de la trappe. Le castor, qui est doué d’un odorat très subtil, est bientôt attiré par l’odeur de l’appât.