Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/266

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continua, sans rien témoigner de la joie intérieure qu’il éprouvait :

— J’aurais pu, s’il ne s’était agi que de moi seul, dit-il, pardonner ces injures si graves qu’elles fussent, mais il s’agit ici d’un ennemi public, d’un homme qui a juré la perte de la nation ; alors, quelque pénible que soit la nécessité qui m’y contraint, je ne dois pas hésiter à le frapper dans ce qu’il a de plus cher. Sa mère est entre mes mains, j’ai balancé à la sacrifier, je ne me suis pas laissé dominer par la haine, j’ai voulu être juste, et lorsqu’il m’était si facile de tuer cette femme, j’ai préféré attendre que vous-mêmes, chefs vénérés de notre nation, vous m’en donniez l’ordre, J’ai fait plus encore, tant il me répugne de verser inutilement le sang et de punir l’innocent pour le coupable, j’ai accordé à cette femme quatre jours de répit, afin de donner à son fils la facilité de la sauver en se présentant pour souffrir les tortures à sa place. Un visage pâle fait prisonnier par moi est parti à sa recherche ; mais cet homme est un cœur de lapin, qui n’a de courage que pour assassiner des ennemis désarmés, il n’est pas venu, il ne viendra pas !… Ce matin au lever du soleil expirait le délai accordé par moi. Où est cet homme ? il n’a pas paru !… Que disent mes frères ? ma conduite est-elle juste, dois-je être blâmé ? ou bien cette femme sera-t-elle attachée au poteau afin que les voleurs pâles effrayés de son supplice reconnaissent que les Comanches