Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/303

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se sont passées les choses et quel est ton assassin, afin que je puisse te venger.

Un sourire sinistre plissa péniblement les lèvres violettes du guide.

— Le nom de mon assassin ? dit-il d’une voix ironique.

— Oui.

— C’est doña Luz !

— Doña Luz ! s’écria le capitaine en bondissant de surprise, impossible !

— Écoutez, reprit le guide, mes instants sont comptés, bientôt je serai mort. Un homme dans ma position ne ment pas. Laissez-moi parler sans m’interrompre, je ne sais si j’aurai le temps de tout vous dire, avant d’aller rendre mes comptes à celui qui sait tout.

— Parle, fit le capitaine.

Et comme la voix du blessé devenait de plus en plus faible, il s’agenouilla près de lui afin de ne rien perdre de ses paroles.

Le guide ferma les yeux, se recueillit quelques secondes, puis il dit avec effort :

— Donnez-moi de l’eau-de-vie.

— Tu es fou, l’eau-de-vie te tuera.

Le blessé secoua la tête.

— Elle me rendra les forces nécessaires pour que vous puissiez entendre tout ce que j’ai à vous dire. Ne suis-je pas déjà à moitié mort ?

— C’est vrai ! murmura le capitaine.