Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/374

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— Monsieur ! monsieur ! fit le chasseur en rougissant de dépit, ceci passe les bornes. Doña Luz est une jeune fille dont on ne doit parler qu’avec le plus profond respect, je ne souffrirai pas qu’on l’insulte devant moi.

— Nous sommes absolument du même avis, reprit l’autre en goguenardant, mais il n’en est pas moins vrai que j’en devins amoureux, je pris adroitement des renseignements, j’appris qui elle était, le voyage qu’elle devait faire, et, jusqu’à l’époque de son départ, je jouai de bonheur, comme vous voyez ; alors mon plan fut fait, plan qui, comme vous le disiez fort bien tout à l’heure, a complètement échoué, mais auquel pourtant je ne renonce pas encore.

— Nous tâcherons d’y mettre bon ordre.

— Et vous ferez bien, si vous le pouvez.

— Cette fois vous avez fini, j’imagine.

— Pas encore, s’il vous plaît, mais à présent pour ce qui me reste à dire, la présence de doña Luz est indispensable, c’est d’elle seule que dépend la réussite de ma mission auprès de vous.

— Je ne vous comprends pas.

— Il est inutile que vous me compreniez en ce moment, mais rassurez-vous, Cœur-Loyal, vous aurez bientôt le mot de l’énigme.

Pendant cette longue discussion, le pirate n’avait pas un instant perdu cette tranquillité d’esprit, cette physionomie narquoise, cet accent railleur et cette liberté de manières qui confondaient les chasseurs.