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Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/376

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crifierez généreusement, en échange de la mienne ; mais heureusement pour moi, doña Luz, j’en suis convaincu, n’est pas de votre avis, et attache un grand prix à l’existence de son oncle ; soyez donc assez bon pour la prier de venir, afin qu’elle puisse entendre la proposition que j’ai à lui faire, le temps se passe, la route est longue d’ici à mon campement, si j’arrivais trop tard, vous seuls seriez responsables des malheurs que causerait ce retard involontaire.

— Me voici, monsieur, dit en se présentant doña Luz, qui cachée au milieu de la foule avait entendu tout ce qui s’était dit.

Le pirate jeta sa cigarette à demi consumée, s’inclina avec courtoisie devant la jeune fille et la salua avec respect.

— Je suis heureux, madame, lui dit-il, de l’honneur que vous daignez me faire.

— Trêve de compliments ironiques, monsieur, je vous écoute, qu’avez-vous à me dire ?

— Vous me jugez mal, madame, répondit le pirate, mais j’ai l’espoir de me réhabiliter plus tard à vos yeux. Ne me reconnaissez-vous donc pas ? Je croyais avoir laissé dans votre esprit, un meilleur souvenir.

— Il est possible, monsieur, que j’aie gardé pendant un certain temps un bon souvenir de vous, répondit avec émotion la jeune fille, mais après ce qui s’est passé il y a quelques jours, je ne puis plus voir en vous qu’un malfaiteur.