Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/407

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toute confiance, il ne garda que dix hommes sûrs auprès de lui et renvoya le reste.

Bien que l’affaire qu’il traitait en ce moment fût intéressante, que son succès lui parût assuré, il ne voulait pas cependant négliger ses autres occupations et nourrir dans la paresse une vingtaine de bandits qui d’un moment à l’autre, poussés par l’oisiveté, pouvaient lui jouer un mauvais tour.

On voit que le capitaine était non seulement un homme prudent, mais encore qu’il connaissait à fond ses honorables associés.

Lorsque les pirates eurent quitté la grotte, le capitaine fit signe au docteur de le suivre et le conduisit auprès du général.

Après les avoir présentés l’un à l’autre, avec ces politesses ironiques dont il avait l’habitude, le bandit les laissa seuls et se retira.

Seulement, avant de s’éloigner, le capitaine tira un pistolet de sa ceinture et l’appuyant sur la poitrine du savant :

— Bien que vous soyez à moitié fou, lui dit-il, comme vous pourriez cependant avoir quelques velléités de me trahir, retenez bien ceci, cher monsieur : c’est qu’à la moindre démarche équivoque que je vous verrai tenter, je vous ferai sauter la cervelle ; vous êtes averti, maintenant agissez comme vous voudrez.

Et repassant son pistolet à sa ceinture, il se retira en ricanant.