Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/430

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par ses longs cheveux dont il forma une touffe et lui renversa brusquement la tête en arrière.

— Malédiction ! s’écria le pirate en cherchant vainement à se débarrasser de son ennemi.

Alors il se passa une chose qui glaça d’horreur tous les assistants.

Le cheval que le Cœur-Loyal avait lâché, livré à lui-même, furieux des secousses qu’il avait reçues et du double poids qui lui était imposé, s’élança, fou de colère, brisant et renversant dans sa course insensée tous les obstacles qui s’opposaient à son passage.

Mais toujours il entraînait cramponnés à ses flancs les deux hommes qui luttaient pour se tuer l’un l’autre, et qui sur le dos de l’animal effrayé se tordaient comme deux serpents.

La Tête-d’Aigle avait, comme nous l’avons dit, renversé en arrière la tête du pirate, il lui appuya le genou sur les reins, poussa son hideux cri de guerre, et brandit d’un geste terrible son couteau autour du front de son ennemi.

— Tue-moi donc, misérable ! cria le pirate, et d’un mouvement brusque, il leva sa main gauche encore armée d’un pistolet, mais la balle se perdit dans l’espace.

Le chef comanche regarda fixement le capitaine.

— Tu es un lâche ! dit-il avec dégoût, et une vieille femme qui a peur de la mort !