Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/433

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a mises dans mon cœur. Que comptez-vous faire des vingt prisonniers qui sont dans vos mains ? Les relâcherez-vous afin qu’ils continuent leur vie de meurtre et de rapine ? qu’ils enlèvent vos femmes, volent vos chevaux et tuent vos frères ? Les conduirez-vous aux villages en pierre des grands cœurs blancs de l’est ? La route est longue, semée de dangers, entrecoupée de montagnes et de rivières rapides, les prisonniers peuvent s’échapper pendant ce voyage, vous surprendre dans votre sommeil et vous massacrer. Et puis, vous le savez, guerriers, arrivés aux villages en pierre, les longs couteaux les relâcheront, il n’existe pas de justice pour les hommes rouges. Non, guerriers, le Maître de la vie, qui enfin a livré ces hommes féroces en notre pouvoir, veut qu’ils meurent. Il a marqué le terme de leurs crimes. Lorsque nous trouvons un jaguar ou un ours gris sur notre route, nous les tuons ; ces hommes sont plus cruels que les jaguars et les ours gris, ils doivent compte du sang qu’ils ont versé, œil pour œil, dent pour dent. Qu’ils soient donc attachés au poteau des tortures. Je jette un turbò – collier – de wampums rouges dans le conseil. Ai-je bien parlé, hommes puissants ?

Après ces paroles, le vieux chef se rassit. Il y eut un moment de silence solennel. Il était évident que tous les assistants partageaient son avis.

Le Cœur-Loyal attendit quelques minutes, il vit que personne ne se préparait à répondre au dis-