Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/454

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La rencontre d’un cavalier la nuit dans les campagnes mexicaines donne toujours ample matière à réflexion.

L’étranger que l’on rencontre ainsi peut être un honnête homme, mais il y a tout à parier que c’est un coquin.

Dans le doute, j’armai mes revolvers et j’attendis.

Mon attente ne fut pas longue.

Au bout de cinq minutes le cavalier m’avait rejoint.

Buenas noches, caballero – bonsoir, monsieur, – me dit-il en passant.

Il y avait dans la façon dont ce salut m’était jeté quelque chose de si franc que mes soupçons s’évanouirent subitement.

Je répondis.

— Où allez-vous donc aussi tard ? reprit-il.

— Ma foi, répliquai-je naïvement, je serais charmé de le savoir, je crois m’être égaré ; dans le doute, je me prépare à passer la nuit au pied de cet arbre.

— Triste gîte, fit le cavalier en hochant la tête.

— Oui, répondis-je philosophiquement, mais faute de mieux je m’en contenterai ; je meurs de faim, mon cheval est rendu de fatigue, nous ne nous soucions nullement l’un et l’autre d’errer plus longtemps à la recherche d’une hospitalité problématique, surtout à cette heure de la nuit.

— Hum ! fit l’inconnu, en jetant un regard sur