Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ne sais au contraire comment vous avouer que je n’ai jamais été aussi heureux qu’auprès de vous.

— Restez-y, alors, s’écria-t-il franchement, il y a encore place pour un ami à notre foyer.

— Merci ! lui dis-je en lui serrant la main, je le voudrais, mais, hélas ! c’est impossible. Comme le juif de la légende, j’ai en moi un démon qui me crie incessamment : marche ! Je dois accomplir ma destinée !

Et je soupirai.

— Écoutez ! reprit-il, soyez franc ! dites-moi ce qui vous préoccupe ; depuis quelques jours vous nous inquiétez tous, personne n’osait vous en parler, ajouta-t-il en souriant ; ma foi, j’ai pris mon courage à deux mains, comme vous dites, vous autres Français, et je me suis décidé à vous questionner.

— Eh bien ! lui répondis-je, puisque vous l’exigez, je vous le dirai ; seulement, veuillez, je vous prie, ne pas prendre ma franchise en mauvaise part, et être persuadé qu’il entre au moins autant d’intérêt que de curiosité dans mon fait.

— Voyons, fit-il avec un sourire indulgent, confessez-vous à moi, ne craignez rien, je vous donnerai l’absolution, allez.

— J’aime mieux en avoir le cœur net, et tout vous dire.

— C’est cela, parlez.

— Je me figure, je ne sais pourquoi, que vous