Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/78

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— Ce nom promet, dit-il, et lui tendant la main : Belhumeur, ajouta-t-il, à partir de cet instant vous êtes mon frère, désormais c’est entre nous à la vie et à la mort.

Il le baisa sur les yeux ainsi que cela se pratique dans les prairies dans des circonstances semblables.

— À la vie et à la mort ! répondit avec élan le Canadien en serrant chaleureusement la main qui lui était tendue, et en baisant à son tour son nouveau frère sur les yeux.

Voilà de quelle façon le Cœur-Loyal et Belhumeur s’étaient connus. Depuis cinq ans, pas le moindre nuage, pas la plus petite ombre n’avait passé sur l’amitié que ces deux natures d’élite s’étaient jurée dans le désert, à la face de Dieu. Au contraire, tous les jours elle semblait s’accroître, ils n’avaient qu’un cœur à deux, complètement sûrs l’un de l’autre, devinant leurs pensées les plus cachées ; ces deux hommes avaient vu leurs forces se décupler et telle était leur confiance réciproque qu’ils en étaient arrivés à ne plus douter de rien, à entreprendre et mener à bien les expéditions les plus audacieuses, devant lesquelles dix hommes résolus auraient hésité.

Mais tout leur réussissait. Rien ne paraissait leur être impossible, on aurait dit qu’un charme les protégeait et les rendait invulnérables et invincibles.

Aussi leur réputation s’était-elle répandue au loin,