bord du Santiago, ce qui forma à Vent-en-Panne, ses boucaniers compris, un équipage de quatre-vingt-sept hommes, nombre bien faible à la vérité pour manœuvrer un vaisseau de la force du Santiago, mais suffisant cependant ; pour le conduire à Leogane dont on n’était pas très-éloigné. Du reste, Vent-en-Panne comptait rencontrer bientôt le Robuste, à la recherche duquel il était depuis si longtemps ; il ne doutait pas que M. de Lartigues ne consentît à lui fournir les hommes qui lui seraient nécessaires.
Tous ces arrangements pris en moins d’une heure, les deux bâtiments continuèrent à naviguer de conserve ; seulement, au lieu d’avoir le cap sur Cuba, ils l’avaient sur Léogane. Là était toute la différence.
Le duc de la Torre apprit avec la joie la plus vive, car son inquiétude avait été grande, la résolution prise à son égard par le capitaine Vent-en-Panne ; mais il persévéra à refuser de recevoir le comte Horace, lorsque celui-ci se présenta pour lui adresser ses compliments.
Le revirement opéré à l’improviste dans la situation du navire, avait rendu un peu d’espoir au comte et ramené sa pensée à ses premiers projets, dont l’exécution lui paraissait de nouveau possible. Mais cet espoir n’eut que la durée d’un éclair. Le capitaine. Guichard redevenu maître à son bord, fit appeler son premier lieutenant et sans préambule, lui annonça que sa conduite pendant la nuit, où le navire avait été surpris par les Espagnols, avait donné lieu à des soupçons injurieux pour son honneur ; qu’il était contraint en conséquence à le suspendre de ses fonctions ; qu’il devait se considérer comme prisonnier jusqu’à Léogane, où une enquête sévère aurait lieu sur les faits qui lui étaient reprochés ; et qu’il serait appelé à justifier devant un conseil présidé par M. d’Ogeron, nommé, par le roi, gouverneur de la partie française de l’île Saint-Domingue.
Après avoir aussi fait connaître à son officier la décision qu’il avait prise à son égard, le capitaine Guichard