le cadavre du capitaine Guichard, — déjà le malheureux avait rendu le dernier soupir, — et, au moment où le comte Horace, qui pour un instant était presque parvenu à se débarrasser de son adversaire, brandissait avec un cri de triomphe, son poignard pour l’en frapper, l’Olonnais lui asséna sur la nuque un coup de poing tellement violent, car il était sans armes, que le comte Horace chancela, devint livide, battit l’air de ses bras, et roula enfin sur le tapis comme une masse ; il avait perdu connaissance.
L’Olonnais l’avait assommé, comme un bœuf à l’abattoir.
On se précipita aussitôt sur le misérable assassin ; en une seconde il fut solidement garrotté et réduit à une complète impuissance.
L’Olonnais fit immédiatement enlever le corps du pauvre capitaine Guichard, ordonna d’enfermer le comte dans la fosse aux lions ; puis, après avoir laissé aux domestiques de M. de la Torre, le temps nécessaire pour réparer le désordre de l’appartement et faire disparaître le sang qui souillait le plancher, il reparut accompagné de Pitrians ; mais il s’était d’abord assuré que son prisonnier était revenu de sa syncope.
Le gentilhomme espagnol attendait les deux jeunes gens dans la première pièce ; assis près d’une table de l’autre côté de laquelle se tenait respectueusement l’écrivain du navire, ayant devant lui encre, plumes et papiers, M. de la Torre l’avait fait prévenir de se rendre près de lui.
Après avoir chaleureusement remercié les deux jeunes gens, du secours qu’ils lui avaient si généreusement prêté, et les avoir rassurés sur l’état de la duchesse et de sa fille ; qui toutes deux, avaient repris connaissance, et se trouvaient aussi bien que l’on pouvait l’espérer ; sur l’observation de l’Olonnais, qu’il n’y avait pas un instant à perdre pour que justice fût faite, l’enquête commença. L’écrivain du bord prenait les notes nécessaires pour rédiger son rapport.
Voici les faits tels qu’ils s’étaient passés. Nous les ex-