proche parent de notre aimé et loyal commandant. Ce serait une cruauté à nous, d’exiger que M. de Lartigues, cet homme que nous révérons tous comme un père, pour son caractère si justement apprécié et sa bonté sans bornes, présidât le conseil de guerre qui doit juger un de ses parents ; un homme pour lequel il a fait d’immenses sacrifices ; en un mot, qu’il a élevé dans sa maison. Il est de notre devoir, messieurs, de nous opposer de toutes nos forces, à ce qu’une si horrible tâche soit imposée à notre brave et respecté commandant.
— Nous appuyons ! nous appuyons ! s’écrièrent d’une seule voix les membres du conseil.
Vent-en-Panne comprit alors, pourquoi M. de Lartigues avait failli s’évanouir en commençant la lecture du rapport ; il s’en voulut d’avoir causé cette cruelle douleur à un si brave officier, quoique involontairement, puisqu’il ignorait sa proche parenté avec l’assassin.
Lorsque la rumeur causée par cet incident étrange fut calmée et le silence complétement rétabli, le commandant se leva.
M. de Lartigues était pâle mais ferme ; toute trace de faiblesse avait disparu de son mâle visage ; ses traits avaient pris une rigidité marmoréenne.
— Messieurs, dit-il, tandis qu’un triste sourire se jouait sur ses lèvres décolorées, je vous remercie. Monsieur le capitaine rapporteur a fait son devoir, en vous révélant ces faits que vous ignoriez ; je saurai faire le mien, en n’acceptant pas le bienveillant faux-fuyant dont vous voulez me donner le bénéfice, en me proposant de renoncer à présider cette cour martiale. Il m’est impossible de quitter cette place. Nommé par le roi au commandement de ce navire, je dois subir les conséquences de cette charge si honorable. Ce serait manquer à tous mes devoirs, et vous ne voudriez pas m’y contraindre, que de me retirer et décliner la responsabilité dont je suis investi, dans une circonstance aussi grave que celle qui se présente aujourd’hui. Lors-