Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je n’en ai plus à vous faire ! s’écria-t-il avec violence.

— Comme il vous plaira, monsieur, cela m’est indifférent ; mais, comme il nous reste encore environ une demi-heure, si vous me le permettez, je vous raconterai, moi, une anecdote à l’appui de ce que je vous ai dit ; cette anecdote est courte ; elle vous intéressera, j’en suis convaincu.

— Pourquoi cette anecdote, ainsi que vous la nommez, m’intéresserait-elle, monsieur ?

— Tout simplement parce qu’elle a un rapport singulier avec ce qui se passe en ce moment ici.

— Ah ! fit le marin, en lançant à travers les trous de son masque, un regard étincelant au médecin ; une histoire faite à plaisir, sans doute ?

— Pas le moins du monde, monsieur ; elle est vraie, au contraire, depuis A jusqu’à Z ; d’ailleurs, vous en jugerez si vous me permettez de vous la narrer, d’autant plus qu’elle a le grand avantage d’être courte.

— Parlez, si cela vous plaît, monsieur, je ne vous en empêche pas, puisque nous n’avons rien de mieux à faire.

— Je profite de votre gracieuse autorisation, monsieur, et je commence mon récit.

— Comme vous voudrez, fit le marin, en se renversant sur le dossier du fauteuil, et fermant les yeux.

— Bon ! reprit le médecin, d’un ton légèrement goguenard, avant cinq minutes, vous serez si intéressé que vous ouvrirez, malgré vous, les yeux.

— Je ne le crois pas.

— Moi, j’en suis certain ; donc, je commence :

Le marin haussa légèrement les épaules, mais ses yeux restèrent fermés.