Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/175

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— Laquelle ?

— De ne pas conquérir le nom qui me manque.

— Bien, mon gars ; voilà répondre ; au besoin je vous y aiderai.

— Merci, capitaine ; je retiens votre parole.

— Faites ; elle vous appartient, je vous l’ai donnée.

Les deux hommes se serrèrent la main.

— Allons, Pitrians, as-tu fini de pleurer comme un veau ? reprit le capitaine, en s’adressant au matelot. Il est temps de partir.

— Voilà qui est fait, capitaine, répondit le matelot en essuyant ses yeux ; c’est égal, les écubiers me cuisent, mais voilà une averse qui m’a joliment rafraîchi. Mon pauvre frère !

— Allons ! allons ! en route !

— Est-ce que vous nous accompagnez, capitaine ? demanda l’Olonnais.

— Pardieu ! Je ne suis venu que pour cela. Partons.

La distance n’était pas longue de l’auberge de l’Ancre dérapée au gouvernement, ainsi que l’on nommait la maison de M. d’Ogeron ; cette distance fut franchie en moins de dix minutes par les trois marins.

— Nous y voici, dit gaîment Vent-en-Panne en s’arrêtant devant la porte. Mais que se passe-t-il donc en vous ? fit-il en se retournant vers l’Olonnais ; sur ma parole, vous voilà tout interloqué ! vous êtes pâle comme si vous étiez malade.

— Je vous avoue que le cœur me bat très-fort, capitaine, ne vous moquez pas de moi, je vous prie. Je ne sais ce qu’on me veut ; cela m’inquiète plus que je ne pourrais dire.

— Bah ! fit en riant le boucanier, peut-être veut-on vous couronner de fleurs ?

— Allons ! voilà que vous plaisantez ! dit l’Olonnais avec découragement.

— Eh ! oui ! poltron. Que pouvez-vous craindre ?

— Ah ! si je le savais, je me tiendrais sur mes gardes.