Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/191

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moi qui ne suis pas dans les mêmes conditions que toi, je ferai l’achat pour mon compte. Cependant comme je veux respecter ta juste susceptibilité, je te céderai deux de mes engagés. Cela te convient-il ?

— Parfaitement.

Vent-en-Panne frappa sur un gong.

Tributor parut.

— Dis à Barbenoire et à Mouffetard de se rendre ici en double.

Les deux engagés entrèrent presque immédiatement.

— Écoutez-moi, garçons, leur dit le boucanier : à partir d’aujourd’hui l’Olonnais et moi nous sommes matelots ; il n’a pas d’engagés, je vous cède à lui ; j’espère que votre conduite ne lui laissera rien à désirer ; d’ailleurs, comme je ne vous perdrai pas de vue, je vous surveillerai. Ainsi, voilà qui est entendu, vous n’êtes plus mes engagés mais ceux de l’Olonnais ; veillez au grain, garçons. Et maintenant allez au diable, je n’ai plus rien à vous dire.

Les deux engagés se retirèrent moitié tristes, moitié gais ; mais comme ils savaient qu’ils ne quitteraient pas leur premier maître, cela les consolait un peu.

— Ce sont de braves gens, dit Vent-en-Panne, seulement ils ont besoin d’être surveillés ; Mouffetard surtout. En les tenant un peu sévèrement, tu en feras ce que tu voudras.

En ce moment Tributor rentra dans la salle ; un valet vêtu d’une riche livrée le suivait.

— Cet homme demande le capitaine l’Olonnais, dit l’engagé.

— C’est moi, répondit le jeune homme.

Le valet le salua respectueusement et lui remit une large lettre au cachet armorié en lui disant :

— De la part de sa seigneurie le duc de la Torre.

L’Olonnais tressaillit et prit la lettre d’une main tremblante.

— Mon maître m’a ordonné d’attendre la réponse de