disons-le, à cette époque la situation du duc de la Torre était assez précaire. Sa fortune placée toute en Espagne avait été mise sous séquestre ; il ne touchait pas ses revenus. Contraint de vivre sur ce qu’il avait emporté avec lui dans sa fuite, ses ressources étaient d’autant plus restreintes que, bien qu’il lui eût été facile de puiser dans la bourse de ses nombreux amis, il était trop fier pour contracter des emprunts qu’il n’avait pas la certitude de pouvoir acquitter un jour : l’obligation de tenir un rang honorable ajoutait encore aux difficultés, déjà très-grandes de sa position.
Ce fut donc avec un vif sentiment de joie que le duc accueillit les ouvertures qui lui furent faites par la reine elle-même, un soir pendant le jeu du cardinal. L’amour de son fils pour mademoiselle de Manfredi-Labaume, acheva de le décider à donner son consentement à cette union, en le persuadant qu’il ne cédait pas à une vile question d’intérêt, mais bien à son amour paternel et au désir de faire le bonheur de son fils. Légère capitulation de conscience qui satisfit son orgueil et le rendit tout heureux.
La reine voulut se charger de toutes les dépenses du mariage ; il fut célébré en grande pompe à l’église cathédrale de Notre-Dame ; la plus haute noblesse de France y assista en corps.
Cette union contractée sous les plus heureux auspices demeura cependant stérile pendant plusieurs années, au grand désespoir du vieux duc de la Torre ; désespoir qui s’accrut encore lorsque madame de Médina del Campo, après plusieurs grossesses malheureuses, accoucha d’une fille ; elle reçut en naissant le nom de Violenta. Le duc attendait un petit-fils qui continuât son nom.
En 1661, lorsque Monsieur épousa Henriette d’Angleterre, la comtesse de Médina fut nommée dame d’honneur de Madame.
Cinq ans plus tard, le duc de la Torre partit pour l’Espagne ; il était rentré en grâce. Le vieux gentil-