— Sérieusement.
— Je ne plaisante jamais, quand il s’agit d’affaires sérieuses ; ce navire est le mien.
— Ah ! ah ! et vous me le donnez ?
— Entendons-nous, capitaine ; je vous le donnerai ; mais donnant, donnant.
— Alors il faut ?…
— Me donner Vent-en-Panne ! troc pour troc.
— C’est dur.
— Je ne puis faire mieux.
— Et les 200,000 livres ?
— En même temps.
— By god ! vous êtes méfiant, mon maître ?
— Nullement, je traite commercialement, voilà tout ; vous savez qu’à la Côte le crédit n’existe pas ; on ne traite qu’au comptant.
— Hélas !
— Vous dites ?
— Rien.
— Pardon, j’ai entendu un mot ?
— C’est vrai.
— Et ce mot signifie ?
— Que j’accepte le marché.
— C’est promis ?
— C’est juré ; voici ma main.
— Voici la mienne.
— Et la mienne aussi ; ajouta Chanteperdrix.
— Et maintenant que faut-il faire ?
— Attendre ; et louvoyer en vue de la passe ; un feu allumé à dix heures précises à l’extrémité du cap, vous indiquera le moment exact où je quitterai la rade, pour aller vous rejoindre au large. Jusque-là, veillez au grain ; ne dites que ce que vous voulez qui soit entendu ; si dans dix jours, vous n’avez pas reçu de mes nouvelles, vous vous rendrez à la Jamaïque, où vous m’attendrez.
— Ainsi vous demeurez ici ?