à se rompre ; un frisson nerveux courait dans tout son corps ; il prêtait l’oreille au moindre bruit ; essayant d’en comprendre la signification ; des pas se firent enfin entendre dans la chambre précédant la sienne ; le jeune homme aspira l’air avec force, la respiration lui manquait ; quelques mots furent échangés à voix contenue, puis la porte s’ouvrit, et un homme entra dans la chambre du malade.
Cet homme était le duc de la Torre : il était seul.
Derrière lui, entra Vent-en-Panne, mais l’Olonnais ne le vit pas ; il était retombé presque sans connaissance sur son lit.
Cependant le jeune homme réagit avec une indomptable énergie, contre cette faiblesse passagère ; sa volonté plus forte que sa douleur, lui rendit la vigueur nécessaire pour se redresser, et accueillir le sourire sur les lèvres, le noble visiteur, qui n’avait rien remarqué et s’approchait de lui d’un air d’affectueux intérêt.
L’entrevue fut ce qu’elle devait être ; cordiale, mais sans aucune nuance d’intimité. Pendant tout le temps qu’elle dura, Vent-en-Panne demeura à l’écart, muet, pensif ; les yeux fixés sur le malade, avec une expression singulière.
Après dix minutes ou un quart d’heure au plus de conversation, le duc de la Torre s’excusa de ne pouvoir à son grand regret demeurer plus longtemps, sur ce que la Duchesse et sa fille étaient restées se promenant sur la plage, en l’attendant, il prit congé et se retira.
L’Olonnais se retourna aussitôt vers la fenêtre, se pencha autant que cela lui fut possible ; et ses regards se fixèrent opiniâtrement sur le groupe formé par les trois personnes, qui retournaient lentement vers le gouvernement.
Tant que le jeune homme put apercevoir ces trois personnes, il resta immobile les suivant avidement des yeux ; puis lorsqu’enfin elles eurent disparu dans l’éloignement, il se laissa retomber avec découragement en arrière, poussa un soupir semblable à un sanglot, et