Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/38

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Le docteur Guénaud enleva la jeune femme dans ses bras, la plaça doucement dans la litière, et, après l’avoir accommodée, de manière à ce qu’elle ne souffrît point du froid, il se préparait à donner aux porteurs l’ordre du départ, lorsque le comte l’arrêta d’un geste.

— Un instant, docteur, s’il vous plaît ? lui dit-il.

Le comte s’approcha alors du prince et lui posa légèrement la main sur l’épaule.

Le jeune homme releva la tête et fixa un regard interrogateur sur son ennemi.

— Monsieur le prince de Montlaur, dit alors celui-ci, d’une voix ferme, claire, accentuée et qui fut entendue même des personnes restées dans les pièces adjacentes à celle où il se trouvait, la demie est sonnée, j’attends votre réponse ; et afin qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous, je répéterai ma demande. Je tiens à ce que nul n’ignore ce qui s’est passé, et, quoi qu’il arrive, puisse témoigner de ce qui va avoir lieu ici.

— Je vous écoute, Monsieur ; parlez donc, je vous prie ? répondit le jeune homme, en se levant et allant se placer près de la cheminée.

— Monsieur le prince de Montlaur, reprit le comte, n’est-il pas vrai que je vous ai, il y a deux ans à peine, sauvé la vie au risque de la mienne ?

— C’est vrai, monsieur. Je le reconnais.

— N’est-il pas vrai que, moi votre ennemi personnel, je n’ai pas hésité à abjurer ma haine, en vous offrant dans mon château la plus large et la plus affectueuse hospitalité ?

— Tout cela est rigoureusement exact, monsieur.

— Comment avez-vous reconnu les services que je vous ai rendus ? Je vais vous le dire, monsieur le prince de Montlaur.

— C’est inutile, monsieur le comte, répondit le jeune homme avec noblesse. Puisque vous exigez de moi une confession publique, soit ! j’y consens ; cette confession, je la ferai franche et loyale : Séduit par la beauté et la candeur de l’ange que vous nommez votre sœur, j’ai mé-