galions qu’ils avaient affaire ; mais à rien moins qu’un vaisseau espagnol, armé de soixante canons, et monté par un équipage de sept cents hommes.
Lorsque les flibustiers reconnurent leur erreur, ils voulurent prendre chasse, mais il était trop tard ; les boulets espagnols commencèrent à pleuvoir si dru sur eux, que bientôt presque tous les flibustiers étaient tués ou blessés ; enfin une dernière bordée mieux dirigée que les autres, traversa de part en part la légère embarcation, qui coula bas en moins de cinq minutes.
Ce fut à la suite d’efforts inouïs, que le capitaine Barthélemy parvint à atteindre la caye, où on l’avait trouvé ainsi que son compagnon, qu’il avait réussi à sauver, et seul avec lui, avait échappé à la destruction de tout l’équipage.
Aussi Dieu sait les beaux projets de vengeance, que faisait le digne capitaine contre les Espagnols ; projets de vengeance que son matelot Pitrians, appuyait de toutes ses forces.
Quand ce récit, coupé à plusieurs reprises par de larges rasades d’eau-de-vie, fut enfin terminé, les deux frères sentirent la nécessité de bien établir leur identité ; aux yeux de Barthélemy, leur costume de Frères de la Côte ne prouvait rien. Les boucaniers étaient tous liés entre eux ; Barthélemy ne se souvenait en aucune façon de les avoir vus, ou même d’avoir entendu parler d’eux.
Le Chat-Tigre se chargea de la rude tâche de fournir les explications nécessaires.
— Il serait extraordinaire, mon cher capitaine, dit-il, que vous ou le capitaine Pitrians, nous ayez vus déjà. Nous ne sommes arrivés dans les îles que depuis quinze mois ; pendant ces quinze mois nous avons constamment habité l’île de Saint-Christophe. Il y a quelques jours seulement, que convaincus qu’il n’y avait plus rien à faire de ce côté-là, car les Gavachos s’en écartent de plus en plus, nous avons résolu de nous rendre à la Tortue. En conséquence, à l’aide des économies que