autre ; le principal pour eux était naturellement d’atteindre Saint-Domingue.
Le hasard, qui depuis leur abandon par la pirogue, s’était plu à favoriser si grandement les deux frères, ne se démentit pas cette fois encore, et mit le comble à ses faveurs.
À peine les flibustiers avaient-ils mis pied à terre et, après avoir soigneusement caché le canot sous les broussailles, se préparaient-ils à prendre la direction de Port-Margot, qu’un grand bruit se fit entendre à une courte distance de l’endroit où ils avaient débarqué ; à ce bruit, se mêlèrent bientôt quelques coups de feu accompagnés de cris et de menaces.
— Oh ! oh ! s’écria Barthélemy, en ouvrant les narines et semblant humer l’air, on se bat par ici, il me semble ! Allons donc un peu voir ce que c’est ?
Cette invitation n’avait pas besoin d’être répétée. Ses compagnons s’élancèrent sur ses pas, et bientôt ils aperçurent un boucanier tenant son fusil par le canon, s’en servant comme d’une massue, le faisant tournoyer au-dessus de sa tête avec une force et une adresse remarquables et, bien qu’il fût seul, se défendant bravement, et même sans trop de désavantage, contre une dizaine d’Espagnols, qui l’entouraient et cherchaient soit à le tuer, soit à s’emparer de lui.
L’autre ne répondait à leurs cris et à leurs menaces, qu’en les accablant des sarcasmes les plus méprisants, et en redoublant ses efforts prodigieux.
Déjà plusieurs Espagnols gisaient sur le sol, plus ou moins grièvement blessés. Le secours si inattendu qui arriva à l’improviste au flibustier, changea immédiatement les chances du combat.
Les Espagnols détalèrent sans attendre leur reste ; laissant ainsi les flibustiers, maîtres du champ de bataille.
Ce qu’il y eut de plus particulier dans cette affaire, c’est que le frère de la Côte, si providentiellement sauvé, était furieux contre ceux qui l’avaient secouru.