Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/120

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des salutations interminables que les nouveaux venus échangèrent avec don Pedro, des liqueurs furent apportées, et l’on se mit à boire, sérieusement cette fois.

— Eh bien ! querido don Pedro, demanda un des étrangers au Mexicain, avez-vous réussi dans votre négociation ? les deux hommes dont vous nous avez parlé sont-ils dignes de faire notre partie, pouvons-nous compter sur eux ?

— J’ai la joie de vous annoncer, señor Gato-Montès, répondit l’haciendero avec un salut, que nous avons affaire à de véritables caballeros de fortune ; je n’ai même pas eu besoin de m’expliquer ; ils m’ont compris à demi-mot ; d’ailleurs, ils sont de Queretaro, c’est tout, dire.

— Bravo ! s’écria celui qu’on avait nommé le Gato-Montès, voilà qui me réjouit fort, je ne puis souffrir ces drôles, avec lesquels on ne sait jamais sur quel pied danser. J’avais conçu de forts soupçons contre ces étrangers, mais voilà qui me remet complétement avec eux. Per Dios ! les temps sont durs ! nous avons besoin de gaillards solides ! touchez là, mes maîtres, et à votre santé !

— Je vous remercie, señor Gato-Montès, de la bonne opinion que vous voulez bien avoir de nous, répondit l’Olonnais ; mon associé et moi, nous espérons justifier bientôt cette opinion, et vous prouver que nous la méritons.

— Je n’en doute pas, compagnon ; dans deux ou trois jours nous vous verrons à l’œuvre.

L’autre individu suspect, et que les flibustiers avaient cru reconnaître, avait jusque-là gardé un profond silence, en fixant d’un air soupçonneux les deux hommes ; il avait même échangé à voix basse quelques mots avec ses deux compagnons ; l’Olonnais comprit que s’il y avait un danger pour eux, c’était de ce côté ; cependant, il feignit de ne rien remarquer, et continua à s’entretenir avec El Gato-Montès et don Pedro Garcias.

— Ma foi, señores, dit-il, je ne sais si c’est la joie ou