Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune homme lui rendit compte de ce qu’il avait fait ; ce récit causa un vif plaisir à l’Olonnais en lui prouvant que son matelot ne l’abandonnait pas, et qu’il était toujours prêt à tenir la promesse faite à Port-Margot.

Après un copieux déjeuner, les jeunes gens chargèrent leurs balles et sortirent pour se livrer à leurs apparentes occupations.

Nous les abandonnerons pour suivre Vent-en-Panne qui devient à présent le personnage important de notre récit.

Quand la pirogue eut accosté le navire et que les matelots eurent sauté à bord, cette pirogue fut hissée en porte-manteau, le bâtiment orienta ses voiles, et mit le cap sur le Port-Margot. La brise était maniable, la mer calme, tout enfin présageait une bonne traversée.

Le premier soin de Vent-en-Panne en montant à bord, fut de partager sa cabine avec David, et de lui ouvrir ses coffres dans lesquels celui-ci choisit les vêtements dont il avait si grand besoin ; lorsqu’au lever du soleil David, rasé et convenablement habillé, parut sur le pont il n’était plus reconnaissable ; chacun le complimenta sur sa bonne mine.

— Sacredieu ! dit Vent-en-Panne, je regrette de ne pas avoir deux navires, je t’en aurais donné un à commander.

— Eh ! répondit l’autre, qui sait si avant que nous, arrivions à St-Domingue tu ne seras pas à même de réaliser ton offre.

Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi ; un matin, un peu avant le lever du soleil, les flibustiers furent tout étonnés de se trouver presque beaupré sur poupe avec un navire espagnol, qui semblable au voltigeur hollandais, le célèbre vaisseau fantôme de la légende, se balançait nonchalamment sur les lames, laissant fasier ses voiles et faisant d’énormes embardées de tribord à bâbord.

Il était évident, qu’avec leur insouciance habituelle,