Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/214

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malgré vous ; cette vengeance à laquelle j’avais renoncé, puisque vous m’y forcez, je la pousserai jusqu’au bout, et comme vous avez été implacable, je le serai : adieu !

Après avoir prononcé ces paroles d’un ton de menace effrayant, il sortit en refermant violemment la porte derrière lui.

La duchesse poussa un cri étouffé et tomba à la renverse, en proie à une horrible crise nerveuse.


XIII

LUTTES DE RUSES

Après avoir quitté si brutalement l’hôtel du duc de la Torre, le capitaine don Antonio de Peñaranda, ou plutôt le prince Gaston de Montlaur, que nous avons vu paraître sous le nom de Chat-Tigre dans le cours de cet ouvrage, s’enveloppa dans les plis de son manteau afin de dissimuler les broderies d’or de son brillant uniforme ; après avoir hésité pendant une minute ou deux, il s’engagea dans une rue étroite et tortueuse bordée de chaque côté par des masures sordides construites en torchis et menaçant ruine.

Arrivé aux deux tiers de cette rue, il s’arrêta devant une maison qui ne se distinguait des autres que parce qu’elle semblait plus misérable encore ; il jeta un regard soupçonneux autour de lui, afin sans doute de s’assurer que personne ne le surveillait, puis il retira un passe-partout de sa poche, ouvrit la porte de cette maison et disparut aussitôt dans l’intérieur, sans oublier