Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit l’autre en se redressant sur son châlit ; ma blessure est presque guérie ; prends garde, tu pourrais te repentir de me traiter ainsi que tu le fais ?

— Ah ! ah ! fit le Chat-Tigre en riant, tu te réveilles à la fin ! Vive Dieu ! il n’est pas trop tôt ; allons, je ne désespère plus autant de toi.

— Que veux-tu dire ?

— Que j’ai voulu tenter une expérience, et qu’elle a réussi.

— Ce qui signifie ?

— Que je ne t’ai pas oublié, comme tu le supposes, ingrat que tu es. Si depuis deux jours je me suis absenté, c’est que j’ai travaillé pour toi et pour moi, l’homme qui t’a blessé, est entre mes mains.

— Bien vrai ! s’écria Bothwell en sautant du lit avec une légèreté qui démentait complétement l’état de prostration dans lequel il prétendait être tombé.

— Oui, mais son compagnon nous a échappé, pour que notre vengeance soit entière, il faut que nous le retrouvions, es-tu en état de te battre ?

— Je te répète que ma blessure est à peu près guérie ; d’ailleurs je me sers aussi bien de mes armes de la main gauche, que de la droite ; seulement si tu veux faire quelque chose de moi, il faut d’abord me rendre mes forces.

— Bon ! et qu’est-ce qu’il te faut pour cela ?

— Manger ; je meurs de faim.

— Rien n’est plus facile ; écoute-moi ; le complot marche ; le duc de la Torre est prisonnier sur parole dans son palais ; c’est moi qu’on a chargé de lui signifier l’ordre du vice-roi. Le digne gentilhomme n’a pas compris grand’chose à ce que je lui disais ; pour achever de le dérouter, j’ai remis sur le tapis une vieille histoire que je tenais en réserve, et dont l’effet, ainsi que je m’y attendais a été prodigieux ; en ce moment le duc et la duchesse de la Torre, sont à demi fous d’angoisse ; nous n’avons plus rien à redouter d’eux, nous les tenons ; il ne me reste plus qu’une chose à savoir.