Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/225

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L’Olonnais se leva et suivit le gouverneur.

Le Chat-Tigre attendait dans une pièce à côté, il semblait en proie à une vive impatience ; en apercevant l’Olonnais, ses sourcils se froncèrent, il lui lança un véritable regard de serpent ; regard que le jeune homme soutint avec la plus complète indifférence.

— Ah ! vous voici, capitaine de Peñaranda ? dit le gouverneur en saluant légèrement l’officier.

— Oui, seigneurie, me voici ; répondit-il en s’inclinant avec une ironie qui n’échappa pas à l’Olonnais.

— Vous désirez entretenir ce señor, je crois.

— En effet, seigneurie, telle est mon intention.

— Je dois vous avertir que j’ai jugé à propos de lui rendre la liberté.

— Vous êtes le maître, señor gouverneur ; S. E. le vice-roi a seul le droit de vous demander compte de votre conduite.

— Que signifient ces paroles, señor ?

— Tout simplement ceci : que votre seigneurie s’est peut-être un peu trop hâté, de rendre la liberté à ce prisonnier.

— Vous ne vous seriez pas tant pressé vous, señor ? dit l’Olonnais avec amertume.

— Certes ; répondit l’autre sur le même ton, surtout j’aurais eu grand soin de prendre certaines précautions, avant que d’ordonner votre mise en liberté.

— Des précautions, señor ? lesquelles s’il vous plaît ?

— Oh, mon Dieu ! il y en a beaucoup, et de beaucoup de sortes.

— Señor capitaine, dit violemment le gouverneur, la justice doit être égale pour tous. Vos insinuations malveillantes me blessent plus que je ne saurais dire. Quand on avance un fait, señor, on doit le prouver. Vous prétendez que le prisonnier est coupable, moi je soutiens le contraire ; tous les témoignages sont pour lui ; il a des papiers excellents ; des répondants qu’on ne saurait soupçonner ; votre accusation, ou pour mieux dire votre dénonciation ne repose jusqu’à présent, que sur des af-