les bords d’une petite rivière, nommée la Maguana, qui n’est qu’un affluent du Neybe.
Cette ville, ou plutôt ce village, formait alors la limite extrême de la frontière espagnole ; comme telle c’était un point stratégique d’une très-grande importance, pour défendre les possessions espagnoles contre les déprédations des boucaniers.
Cet établissement n’avait, dans le principe, été fondé que dans un but essentiellement militaire ; son existence ne remontait pas à plus de trente ou quarante ans.
D’abord ce n’avait été qu’un fortin, ou plutôt un blockhaus, comme on dirait aujourd’hui, construit en troncs d’arbres reliés entre eux par des crampons de fer ; entouré d’un large fosse, d’un talus en terre, auquel deux ou trois ans auparavant, on avait ajouté un chemin couvert, des casemates, et un ouvrage à cornes.
Quelques ranchos misérables s’étaient groupés autour de ce fortin ; peu à peu le nombre de ces ranchos s’accrut ; puis, comme cela arrive toujours dans les centres de population espagnole, on avait bâti une église, trois ou quatre chapelles, fondé deux couvents, un de carmélites pour les femmes, l’autre de capucins.
La population s’était ainsi augmentée jusqu’à atteindre le chiffre de cinq à six cents âmes ; population pauvre, honnête, spécialement occupée au défrichement des forêts, à la culture de la terre et à l’élève des bestiaux.
Pour garantir cette population, une enceinte avait été tracée et un fossé creusé ; on y avait ajouté un talus en terre et un petit fortin, qui ainsi que le premier protégeait le cours de la rivière. Chacun de ces fortins était armé de deux petits canons de bronze, de quatre livres de balles ; de deux espingoles et de quatre fusils de remparts. Cet armement en réalité bien faible, paraissait cependant suffisant pour protéger le village contre un coup de main des flibustiers ; en effet, jusque-là, il avait suffi.