du ; parce que mon cœur m’attire invinciblement vers toi, et que je t’aime !
— Et alors ? demanda doña Violenta, d’une voix tremblante.
— Alors, reprit Fleur-de-Mai, avec un charmant sourire, il m’a mis un baiser au front en me disant : Moi aussi je t’aime, Fleur-de-Mai, tous deux nous sommes seuls au monde, veux-tu être ma sœur ? — Oui ! me suis-je écriée toute joyeuse ; tout a été dit, nous sommes frère et sœur.
— Et tu es contente, Fleur-de-Mai ? cette amitié fraternelle te suffit, n’est-ce pas ?
— Oh oui ! d’ailleurs que pourrais-je désirer de plus ?
— Rien ; tu as raison, Fleur-de-Mai. Oh ! ajouta-t-elle avec un soupir et en essayant mais vainement de retenir ses larmes, j’envie ton bonheur, Fleur-de-Mai !
— Tu pleures, amie ! s’écria la jeune fille avec intérêt, serais-tu malheureuse ? Confie-moi tes peines, on dit que cela fait du bien, de partager sa douleur avec une amie.
— Ce n’est rien, je suis folle, pardonne-moi ; tous ces événements qui se succèdent coup sur coup, me rendent malgré moi nerveuse ; je ne suis pas maîtresse de mes sentiments ; je pleure et je ne sais pas pourquoi.
— Pauvre Violenta ! l’Olonnais me le disait cette nuit, lorsque nous causions.
— Comment, il t’a parlé de moi ?
— Mais oui, cela t’étonne ? nous n’avons fait que parler de toi pendant plus de trois heures. Vois-tu, petite sœur, me disait-il, car maintenant c’est ainsi qu’il me nomme, doña Violenta est bien malheureuse ; un danger terrible la menace ; et tant d’autres choses encore ; ce matin dès qu’il se fut rendu maître de la forteresse, sa première pensée a été pour toi, puisqu’il m’a envoyée. Ah ! tu souris maintenant, tu sèches tes larmes !
— Oui, je me sens beaucoup mieux ; ainsi que tu me l’avais promis, tu m’as consolée ; merci, Fleur-de-