Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/30

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Les engagés envoyés à la découverte, ne furent de retour au campement que vers sept heures du soir ; ils avaient visité tous les postes établis par les flibustiers autour de la ville, communiqué aux différents chefs les ordres qu’ils avaient reçus.

Partout, ils avaient été accueillis de la façon la plus cordiale. Les frères de la Côte attendaient avec impatience le moment de commencer l’attaque ; ce moment arrivé, ils promettaient de renverser tous les obstacles qui leur seraient opposés.

Ces nouvelles furent accueillies par Vent-en-Panne et ses compagnons, comme elles devaient l’être ; c’est-à-dire avec des transports de joie, les flibustiers ne doutèrent pas un instant de la réussite de leur hardi coup de main. Leur impatience redoubla ; ce fut à grand’peine qu’ils se résignèrent à demeurer dans leur embuscade, sans se laisser aller à quelques-unes de ces imprudences dont ils étaient si coutumiers, chaque fois qu’ils tentaient une expédition.

Pour tuer le temps et tromper l’ardeur qui les dévorait, ils ne trouvèrent qu’un moyen ; moyen au reste très-pratique ; ce fut de souper ; cependant ce repas fut excessivement frugal ; ils n’osèrent pas allumer le feu, afin de ne pas donner l’éveil aux Espagnols.

Enfin Montbarts sortit de sa ceinture une magnifique montre garnie de diamants, et annonça à ses compagnons qu’il était neuf heures.

Un joyeux hourra accueillit cette nouvelle ; l’on se mit immédiatement en mesure de tout préparer pour l’attaque ; du reste les préparatifs ne furent pas longs ; les flibustiers saisirent leurs armes, émergèrent doucement du couvert et guidés par leurs Venteurs, ils se dirigèrent à pas de loups vers la ville.

Tout les protégeait ; la nuit était noire et sans lune ; le vent soufflant en foudre, ses sifflements continus à travers les branches des arbres, produisaient un bruit sourd qui étouffait le retentissement des pas des flibustiers, sur la terre desséchée de la savane.