— La terreur leur avait fait perdre connaissance ; elles ont été enlevées comme mortes ; et d’après ce que j’ai pu entendre, mises dans une litière.
— Ces dames n’étaient pas seules ; il y avait une jeune fille avec elles ?
— Oui, une vaillante fille ! seule, elle a tenu pendant dix minutes les bandits en échec, tremblants sous son regard ; ce n’est qu’en employant la ruse : en lui assurant qu’il venait par votre ordre, afin de mettre les deux dames en sûreté, que leur chef a réussi à la tromper.
— Et alors ? demanda anxieusement l’Olonnais.
— Alors, reprit le blessé, dont les forces s’épuisaient de plus en plus, et dont la voix devenait presque indistincte, elle a consenti à laisser partir les dames, mais à condition de les accompagner.
— Ainsi, elle est avec elles ?
— Oui, ou du moins elle les a suivies.
— Dieu soit loué ! murmura le flibustier, si précaire que soit cette protection, elle suffira peut-être pour intimider ces misérables ! dans tous les cas, elle empêchera la duchesse et doña Violenta de perdre tout espoir.
— Hâtez-vous, reprit le blessé avec effort ; instruisez M. le duc de ce qui s’est passé, peut-être pourra-t-il sauver Mme la duchesse et sa fille, des mains de ces misérables.
— Mais où le trouverai-je ? demanda l’Olonnais.
— M. le duc s’est mis à la tête des troupes ; si l’on se bat encore, c’est au plus épais de la mêlée que vous le rencontrerez ; ne perdez pas un instant, laissez-moi ; vous ne pouvez plus rien pour moi maintenant ; il faut vous hâter si vous voulez sauver mes infortunées maîtresses.
L’Olonnais fut contraint de reconnaître que le digne homme avait raison. Il plaça sur une table à portée de sa main, quelques cordiaux, des boissons rafraîchissantes, et après lui avoir promis de ne pas l’abandonner, les deux jeunes gens prirent congé de lui.