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Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/324

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avec violence ; à part le fait même de votre enlèvement, n’avez-vous pas depuis les quelques heures que vous êtes ici, été traitée avec tous les égards qui vous sont dûs ? n’essayez donc pas de revenir sur cette question.

— Soit, monsieur mais ainsi que vous-même l’avez dit, je ne suis pas libre de discuter avec vous, comme je le ferais chez moi, je n’insisterai donc pas davantage sur un sujet que vous prétendez épuisé ; maintenant, ajouta-t-elle avec amertume, puisque vous avez fait preuve déjà de tant de franchise, continuez et dites-moi nettement et clairement ce que vous attendez de moi ?

— Madame, vous me rendez ma tâche bien difficile ; vous me contraignez à entrer dans certains détails sur lesquels j’aurais voulu passer légèrement ; vous le savez aussi bien que moi, madame, certaines blessures, si anciennes qu’elles soient, causent d’horribles souffrances lorsqu’on y appuie le doigt ; vous me comprenez, n’est-ce pas, madame la duchesse ?

— Continuez ; dit-elle d’une voix sourde ; dites ce qu’il vous plaira, depuis longues années la douleur a été ma compagne fidèle ; j’ai l’habitude de souffrir.

— Je suis contraint malgré moi, madame, de vous répéter ce que je vous ai dit devant M. le duc ; et cette fois pour que vous ne vous trompiez pas sur le sens de mes paroles, je serai aussi clair que cela me sera possible. Oh ! je ne veux pas marchander mes crimes, vous étiez enceinte, sur le point d’accoucher, votre camériste achetée par moi, car je veux que vous sachiez jusqu’à quel point j’étais infâme ! pour que vous puissiez ajouter foi à mes aveux.

— Je vous écoute, monsieur.

— Votre camériste de confiance achetée par moi, dis-je, vous versa un breuvage qui vous plongea dans un sommeil léthargique, ayant toutes les apparences de la mort, c’était à la fois plus et moins que la catalepsie ; car dans l’état cataleptique, si la matière rendue inerte n’obéit plus ; si les nerfs, les muscles sont privés de toute force, de toute sensibilité ; du moins, l’âme est libre, elle