Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/330

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— Allons, soit, j’y vais ; se retournant alors vers la duchesse et s’inclinant respectueusement devant elle, il ajouta : Madame, je suis forcé de m’absenter pendant quelques minutes, veuillez je vous prie avoir un peu de patience, bientôt vous serez satisfaite.

— Allez, monsieur, j’attendrai.

Le Chat-Tigre sortit et rejoignit son affidé.

— Eh bien ? lui demanda-t-il, où est Sandoval ?

— Il vous attend dans la cour, capitaine.

— C’est bon, suis-moi.

Le bandit auquel on donnait le nom de Sandoval, espèce de drôle aux traits anguleux, à l’œil sournois, pérorait et gesticulait au milieu d’une dizaine de ses compagnons.

— Voyons, pourquoi ce tapage ? dit vivement le Chat-Tigre, as-tu vu le diable, mauvais drôle, pour avoir cette mine de déterré ?

— Capitaine, si je n’ai pas vu le diable, j’ai du moins vu ses amis intimes ; répondit effrontément le bandit.

— Qu’est-ce à dire ?

— C’est-à-dire, capitaine, que si nous ne nous méfions pas, si nous n’ouvrons pas l’œil, je ne vous dis que cela ; notre affaire sera bientôt réglée.

— Voyons, explique-toi, misérable ?

— Oui, oui, vous voilà bien avec vos amabilités ; vous traitez vos amis comme des chiens et vos camarades comme des brutes.

— En finiras-tu ?

— Ah ! pardi ! pour ce que j’ai à vous apprendre, vous le saurez toujours assez tôt.

— Je ne sais ce qui me retient, misérable !…

— C’est cela, allez toujours ! eh bien ! en deux mots voici l’affaire : à une heure d’ici, tout au plus, je me suis presque cogné le nez contre une troupe de Ladrones, arrivant à toute bride.

— Es-tu bien sûr de ce que tu dis ? la peur ne t’a-t-elle pas fait voir double ?

— Oh ! il n’y a pas de danger ; je les ai bien vus et